20 ans d'expérience au service du développement Rural au Mali
Le contexte: pauvreté, sécheresse, manque d’opportunités et migration
La ville de Kayes est située à l’Ouest du Mali en pleine zone semi-désertique sahélienne. Les moyennes de températures y sont très élevées (46° en saison chaude), alors que la saison des pluies ne dure que 3 mois et est souvent très aléatoire, alimentant de la sorte une sécheresse récurrente. La majorité de la population de la région vit pourtant de l’agriculture et est donc très affectée par ce climat d’une extrême rudesse. Pauvreté, sécheresse, famine et manque d’opportunités d’accès à des ressources financières ont fait de cette région la première région d’émigration du Mali, principalement vers le France. Cette émigration laisse de nombreuses familles sans main d’œuvre et sans compétences pour les renforcer. Aujourd’hui, l’apport économique des migrants représente 60% du revenu moyen des familles restées au village. Il est essentiellement utilisé pour les besoins de consommation et n’est donc pas investi dans les activités économiques.
“L’apport économique des migrants représente 60% du revenu moyen des familles restées au village. Il est essentiellement utilisé pour les besoins de consommation et n’est donc pas investi dans les activités économiques”
1998-2001: Des associations de migrants au PASECA
A l’origine de Camide, on trouve une initiative de trois associations inter-villageoises de développement rural dirigées par d’anciens migrants de retour de France. Un de leurs projets comportait un volet crédit. En 1998, cette composante se développe pour donner naissance au PASECA, le Programme d’Appui aux Systèmes d’Epargne et de Crédit Autogérés. L’association « Comité de Pilotage du PASECA» est chargée d’exécuter le programme avec le support technique du Centre International de développement et de Recherche (CIDR). Le système CVECA (Caisses Villageoises d’Epargne et de Crédit Autogérées) est choisi car la région de Kayes présente tous les atouts garantissant leur bon fonctionnement : des villages bien organisés, une société structurée et des ressources monétaires provenant de la migration. Fin 2001, le réseau est alors composé d’un total de 29 CVECAs.
Les 29 CVECAs du Réseau PASECA en 2001
“Le PASECA a bénéficié de l’appui de personnes ayant une connaissance fine du milieu socio-économique et sentant que l’activité de crédit ne pourrait se développer qu’en faisant preuve de professionnalisme”
2002-2005: Du PASECA à Camide
Dans le cadre de l’institutionnalisation du réseau, l’association Camide est créée en 2002 pour reprendre en main la gestion technique du réseau en collaboration avec deux nouvelles associations regroupant les CVECAs elles-mêmes. Les résultats positifs du programme conduit le CIDR à la poursuite de la mise en œuvre du programme jusqu’au parachèvement de son institutionnalisation en 2005. Le réseau est alors complètement institutionnalisé et Camide fonctionne directement avec les deux associations de caisses villageoises qui regroupent un total de 45 CVECAs.
Les 45 CVECAs du Réseau PASECA-Camide en 2005
“Les résultats positifs conduit le CIDR à la poursuite de la mise en œuvre du programme jusqu’au parachèvement de son institutionnalisation en 2005.”
2006-2011: Expansion et Diversification
Fort de son expérience d’appui au réseau de CVECAs du cercle de Kayes, Camide décide d’étendre son action dans les cercles de Yélimané et Kéniéba à partir de 2006. Au total ce sont 43 nouvelles CVECAs qui sont crées entre 2006 et 2011. Avec la fermeture de 3 CVECAs sur la même période, le réseau compte 85 CVECAs fin 2011.
Dès 2005, en parallèle de son activité de soutien au réseau de CVECAs, Camide cherche à servir un autre type de clientèle : les femmes démunies de Kayes-ville et des environs. Un programme de Crédit Solidaire est mis en place pour appuyer des groupements de femmes de la ville de Kayes. Cette initiative est à l’origine de l’engagement de Camide dans le développement d’une méthodologie de groupes solidaires adaptée aux réalités locales.
Les 85 CVECAs du Réseau PASECA-Camide en 2011
“Un programme de Crédit Solidaire mise en place en 2005 est à l’origine de l’engagement de Camide dans le développement d’une méthodologie de groupes solidaires adaptée aux réalités locales.”
A partir de 2012: Creation de l'institution de Microfinance Bɛnso Jamanu; Spécialisation sur deux composantes.
Dès 2011, sous l’impulsion de de la nouvelle réglementation des Services Financiers Décentralisés au Mali, le réseau CVECA opère une mutation qui lui donne un statut d’association et internalise son administration (transfert du personnel, gestion administrative et financière au réseau).
Cette mutation met le Camide dans un nouveau tournant qui appelle un impératif de réajustement et de recadrage de sa mission et de ses objectifs. En 2012, Le Camide se divise alors en deux composantes étroitement liées:
- La composante Microfinance qui fusionne avec le réseau de CVECA de l’APMF de la région Ouéléssébougou – Siby – Kangaba pour donner naissance à Bɛnso Jamanu.
- La composante Développement qui garde la dénomination Camide et appuie les initiatives de développement durable, d’une part via l’accompagnement des migrants dans leurs projets économiques et sociaux, et d’autre part, avec les femmes, dans le sillage des initiatives de développement de groupes solidaires.